dimanche 2 novembre 2014

Éclats, Ligne de Front, La Couture été 2014 / Claude Lévêque ( "les arts du visuel " )

                                             interview de Claude Lévêque / "éclats"/ 2014








La Couture : l’artiste Claude Lévêque a présenté son œuvre «Éclats» dans le cadre de Ligne de front


Publié le
La Voix du Nord

Mardi dernier, l’un des onze artistes qui propose une œuvre en écho à la guerre 14-18, Claude Lévêque, artiste de renom ayant déjà exposé à Lab-Labanque, a passé la journée dans la commune pour décoder son œuvre auprès des scolaires et du public.
« On m’a proposé cinq villages, commente-t-il. La configuration de la place avec le monument portugais m’a plu, et plutôt que de créer des œuvres qui auraient été exposées dans l’un des containers prévus, j’ai choisi d’intervenir sur le matériel lui-même. Le container a donc été volontairement rouillé, tel un vestige de guerre, et fragmenté en quatre parties, comme si une bombe lui tombait dessus. Il fait références aux Gueules cassées. J’y ai intégré des projecteurs puissants qui créent une lumière aveuglante très puissante, tragique. C’est ma façon de répondre à la commémoration. »
C’est ensuite à la bibliothèque que le groupe, composé essentiellement de membres du conseil municipal accompagné du maire Raymond Gaquère, de représentants d’associations, de Fabienne Moison, directrice de Lab-Labanque et de médiateurs, s’est rendu en fin de journée afin d’assister à une vidéo reprenant les œuvres majeures de cet artiste plasticien, qui conçoit des installations pour de prestigieuses institutions d’art contemporain.
« Je mets en scène des dispositifs dans les lieux qu’on me propose, explique l’artiste, je métamorphose l’espace en utilisant la lumière, l’incandescence, les objets, la texture… »
Claude Lévêque intervient tout autant sur des lieux de patrimoine, on peut citer « Sous le plus grand chapiteau du monde », une mise en lumière, qui reflète une trajectoire de néon sur la pyramide du Louvre, ou encore la Villa Médicis à Rome, que sur les sites industriels : les hauts fourneaux de la sidérurgie, ou encore les quais du port de Sète, où les filets de pêche suspendus ont créé un labyrinthe…
« Je crée des environnements sensoriels, auxquels les enfants, grâce à leur imaginaire, sont particulièrement réactifs », poursuit-il.
Les élèves de Noyelles-sous-Lens, venus tout spécialement, pour découvrir l’œuvre de l’artiste, située juste entre l’église et le monument aux morts, travaillent d’ailleurs avec lui sur un projet axé sur la partie médiévale du Musée du Louvre à Paris.



 Éclats, Ligne de Front, La Couture été 2014.

J’ai choisi d’intervenir dans le village de La Couture, entre le monument aux morts et l’église,
pour y poser un container maritime déchiré en quatre parties, comme frappé
par un obus. Un cyclone dans le crâne qui renvoie aux destructions de la boucherie
que fut 14 -18.
Miroir paroxystique d’aveuglement, de traumatisme et de mutilation des Gueules Cassées.
La guerre est le pinacle d’une situation économique détériorée, relayée par les ventes
d’armes destructrices des grandes puissances mondiales. Solution finale à la misère !
De l’anéantissement des guerres ressurgi, sur les décombres, les nouvelles convenances
de domination. Ce système pernicieux est plus que jamais d’actualité dans le monde
d’aujourd’hui. Même si des tactiques défensives peuvent être envisagées, le sacrifice
d’une génération autour d’une certaine idée patriotique (travail-famille-patrie) est une
perte sans retour. Si le devoir de mémoire est essentiel pour les martyrs, la commémoration
est stérile si elle n’est pas un ultime avertissement pour le futur.

Je suis vicéralement antimilitariste. Ni dieu, ni maitre, ni militaires !
Claude Lévêque






Biographie
Claude Lévêque est né en 1953 à Nevers (Nièvre). C’est dans cette ville qu’il a grandi, au coeur
d’une citée ouvrière bordée de terrains vagues, près des voies de chemin de fer. Plus intéressé par
la musique que par l’art, il va tout de même poursuivre des études à l’École des Beaux-Arts de
Bourges. Il s’installe ensuite à Paris où il intègre les milieux punk et new wave qui auront une
forte influence sur son travail plastique. Il réalise alors des aménagements de vitrines de
magasins. Au milieu des années 80, il présente ses premières installations qui seront très
rapidement remarquées.
Dès cette époque, Claude Lévêque inscrit son travail en résonance avec le réel qui l’entoure pour
mieux construire des interactions entre son propre vécu et son environnement, ses oeuvres et le
public. "L’expérimentation n’existe qu’en relation avec des milieux, des publics, pour trouver
une communication possible. Je trouve le monde effrayant de violences, sociales, économiques,
sans parler de l’hystérie de la guerre." Il interroge ainsi sans cesse la société actuelle, en mettant
devant nous une autre réalité, sa réalité d’artiste. Mais cette réalité n’est-elle pas notre réalité à
tous, celle de notre vie ordinaire comme celle de nos rêves et de nos espoirs ? "Il faut
absolument reconstruire un langage. J’ai compris à un moment de mon adolescence où j’étais
complètement paumé, que je me battrai pour ça."
Mais si Claude Lévêque affirme qu’il "faut mettre l’art là où il est indispensable, c’est-à-dire
partout", il installe plus particulièrement le sien dans des espaces où la rencontre peut paraître
la plus improbable mais où elle lui semble la plus déterminante : cité HLM à cour et à jardin,
ancienne fonderie ou piscine abandonnées, usine sidérurgique… Des lieux en "désaffectation"
qu’il (re)charge d’émotions, des espaces à (re)vivre. Aussi aime-t-il les "explorations nouvelles,
les obstacles à dépasser".

(dossier de presse Frac Normandie 2008)



  Visiter une exposition de Claude Lévêque, c'est....
Celui qui visite une exposition de Claude Lévêque, n’est pas le spectateur contemplatif d’une
oeuvre qui le tiendrait à distance, il entre dans un univers plastique au sein duquel il est invité à
vivre une expérience. Il n’est ni dans la réalité quotidienne ni dans un monde qui serait propre à
l’artiste, mais dans une aire de réactivité à partager d’abord avec le spectateur par une
exacerbation des sens.
La peinture traditionnelle a fait du spectateur ce que Picasso appelait plaisamment un "cyclope
paralytique" qui, comme tel, se résumerait dans la mobilisation immobile de son regard. Rien
de tel avec Claude Lévêque, tous les sens sont mobilisés. C’est d’ailleurs peut-être pour cette
raison que l’artiste préfère emprunter le vocable de "visiteur" plutôt que celui de spectateur qui
privilégie la seule dimension du regard dans un oubli mutilant des autres sens. Car si la vue et
l’ouïe sont d’abord sollicitées par ces grands espaces lumineux, colorés et sonores, c’est la
sensorialité entière qui entre en jeu.
Il y a d’abord la lumière qui est de plus en plus omniprésente dans les dernières oeuvres de
Claude Lévêque. Non pas cette lumière naturelle qui est la condition d’apparition des objets, pas
plus qu’une lumière artificielle calculée qui éclaire un objet sous un certain angle et qui produit
ombres et reliefs selon la perspective choisie. Non pas un projecteur qui éclairerait le spectacle,
mais une lumière qui varie avec la position du spectateur : lumière qui étrangement pâlit
lorsqu’il pénètre au sein du dispositif et recule comme pour aller se concentrer ailleurs ; une
lumière qui possède un volume, une épaisseur ; une lumière colorée qui devient comme une matière qui produit un impact non seulement sur les yeux mais sur le corps entier.

(dossier de presse Frac Normandie 2008)

 Claude Lévêque raconte...

 "Il y a quelque chose du domaine du spectacle qui m’attire depuis toujours, depuis que je suis
enfant. J’ai toujours été attiré par ce qui était de l’ordre de l’impact immédiat et imprévisible,
par l’univers de la fête foraine, des cirques, par ces univers éphémères qui produisent des
sensations. J’ai cette tendance à utiliser tout ce qui est propre à ces systèmes. J’aime leurs façons
d’attirer par la lumière souvent très bricolée et très rudimentaire, car je n’ai pas envie
d’atteindre un stade de sophistication qui ne conviendrait pas à mon langage. J’utilise aussi des
bandes son, empruntées à des lieux communs, des standards facilement identifiables par tous.
C’est une dominante. Je joue également sur la forme et son impact, pour séduire, attirer et
repousser, mettant les gens en embuscade. Je pars d’une histoire collective à laquelle j’accole un
univers autobiographique. Tout cela s’entremêle...."

 (dossier de presse Frac Normandie 2008)



Sous le plus grand chapiteau du monde (part 1)
Pyramide du Louvre, projet spécifique
Avril 2014 – janvier 2016





le site de Claude Lévêque

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